Le 16 décembre, Pascale Machet invitait Catherine Mengelle pour présenter les particularités qui ont fait de l’Approche Narrative sa façon préférée de coacher. Un très beau moment de partage. Je vous restitue ici ma prise de notes sachant que j’ai essayé de rester le plus fidèle possible aux mots de Catherine.
“Je vais vous parler de ce qui m’intéresse.
Je me bagarre contre les problèmes des gens qui ont tendance à leur pourrir plus ou moins la vie. Je les aide à diminuer l’influence des problèmes dans leurs vies à différents degrés, que ce soit pour vivre avec ou s’en débarrasser. C’est ma mission sur la Terre. Je le fais avec toute mon énergie.
Les problèmes sont une race à part, qui aime côtoyer la race humaine. Ce sont des personnages très futés, très malins, qui ont leurs vies propres, qui prennent beaucoup de plaisir à ennuyer les gens. Ce sont des êtres maléfiques qui s’incrustent dans la moindre brèche passagère, par exemple la fatigue. Quand on sait comment le problème marche, on peut lutter contre lui.
Les problèmes sont aussi moches et méchants que les orques dans le Seigneur des Anneaux. Ils n’arrivent pas tout seul, ils arrivent en équipe, à plusieurs, du coup on ne sait plus très bien lequel est le problème. Donc, je vais aider les gens à constituer une équipe adverse.
Une des tactiques des problèmes est d’entrer dans les gens et de prendre leur place : “je suis nul, incompétent, pas à la hauteur”. On internalise le problème et on en vient à lutter contre soi-même, ce qui est très difficile. En l’externalisant, je peux l’étudier (depuis combien de temps est-il présent dans sa vie ? quels sont ses complices ? …).
Je n’ai aucune indulgence, aucune complaisance pour les problèmes. Il m’est arrivé de me laisser recruter par les problèmes, de devenir son complice, tellement il était fort : “Mon client ne va jamais y arriver”.
Je n’envisage à aucun moment que mon client tire un bénéfice à son problème.
Je ne pose aucun diagnostic, je ne suis pas experte du problème de la personne, même si c’est un problème que j’ai déjà croisé (posture non sachante). Le client est expert (de l’expérience) de son problème. “J’ai déjà rencontré Manque de confiance en soi, le tien il a quelle couleur ?”
Je pose des questions comme un reporter, un explorateur, un investigateur, … Je me détache de ce que je sais déjà comme si mon client était super exotique. Les gens sont super exotiques, ils sont incroyables et tellement différents de moi.
Selon la taille, la force, la puissance du problème, je passe du temps à le comprendre. “Je reconnais quelque chose qui n’est pas drôle pour toi”.
J’utilise ce qu’on appelle la double écoute. En plus d’écouter l’espace du problème, j’essaye d’identifier des pistes possibles pour investiguer d’autres territoires qui pourraient nous permettre de tisser des histoires préférées en allant chercher dans la vie de notre client des expériences, événements, anecdotes pour co-construire avec la personne un thème préféré qui pourrait prendre un peu plus de place.
Par lui-même, le client a déjà fait des trucs pour résister au problème. Il ne nous a pas attendu pour déployer des compétences magnifiques d’humanité, de joie, de survie : “Je me suis battu, je ne me suis pas laissé faire”. Comment fais-tu pour résister ?
D’une identité problème, on passe à une identité ressource. C’est un travail qui réclame beaucoup de générosité pour son client.
Les conversations narratives sont des randonnées. On accompagne le client. Au début, on est sur l’autoroute toute droite (et chère) du problème, et à un moment de la conversation, on voit un petit chemin qui plaît au client et qui permet de quitter l’autoroute du problème. Il y aura des carrefours, des choix à faire, des impasses et des retours en arrière, on demandera au client quelle piste il veut suivre. Le client est intelligent et tout à fait capable de choisir. Acceptez l’errance et trouver les chemins de traverse, de nouveaux territoires ! C’est un vrai boulot d’archéologue pour trouver des anecdotes préférées.
Mon boulot n’est pas de résoudre le problème du client mais de co-construire une identité préférée (qui ne tombe pas du ciel) et de remplir ses valises avec des tas de ressources, des compétences, … La personne est connectée à ce qu’elle veut faire. La personne est capable du comment faire, elle a juste oublié, occulté tout ce qu’elle était capable de faire dans sa vie : “En quoi c’est important pour toi de faire ça ?”
J’en profite pour rendre ses mots à mon client, ce qui lui permet de continuer la conversation sans moi, une vraie preuve d’amour, de gentillesse, de générosité pour l’autre.”
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