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Audiospectacle à 3 voix

Si vous souhaitez avoir un aperçu de ce à quoi peut ressembler l’ambiance et le contenu des formations aux pratiques narratives de La Fabrique Narrative, il vous suffit d’écouter les enregistrements publiés sur son blog suite à la conférence du 16 février, et où nous entendons les voix sincères, authentiques, pleines d’émotions, enjouées, passionnées et passionnantes de trois de ses formateurs, Dina Scherrer (une décolleuse d’étiquettes), Elizabeth Feld (une petite héroïne) et Pierre Blanc-Sahnoun (un cavalier narratif). Cette équipe auto-réfléchissante y racontent, démontrent et explorent l’importance des pratiques narratives dans leurs vies et au service des vies des personnes, au passé, au présent et au futur. Magnifique !

Petits moments choisis :

Histoiriser l’expérience

Historier l’expérience… fabriquer une histoire avec une expérience. L’un des grands principes de l’approche narrative, c’est que notre expérience n’a rien à voir avec l’histoire que nous racontons sur l’expérience. Et que, plutôt d’être attentif à la réalité de notre expérience, qui est corporelle, sensorielle, nous confondons notre expérience avec le récit que nous en faisons, avec l’histoire que nous racontons sur cette expérience afin de lui donner du sens.

Histoire dominante

Histoire dominante… une histoire qui a tellement pris de place dans ma vie et dans ma tête qu’il n’y a plus de place pour d’autres histoires. J’incorpore l’histoire de problème. Je deviens le problème moi-même. Cette histoire dominante qui, au lieu de rester extérieure à moi comme une modalité de la relation à l’autre, elle devient une espèce de caractéristique profonde de mon identité, et donc d’identité-problème.

Coaching narratif

Le coaching narratif pose des problèmes éthiques incroyables : la demande de coaching de l’entreprise est très souvent, consciemment ou pas, une demande de normalisation sociale et culturelle des collaborateurs, ou bien une demande d’allègement du symptôme de souffrance que le collaborateur va ressentir dans son travail, et où on va amener le collaborateur à aller un petit mieux, à souffrir un petit peu moins, et donc à travailler encore un petit peu plus. Les pratiques narratives s’intéressent beaucoup à l’analyse des contextes politique, économique et culturelle. Dans la mesure où les histoires dominantes, les histoires qui nous emmerdent, les histoires de problème, viennent souvent des contextes. Dans l’entreprise, toutes les histoires de performance, de réussite, de valeur ajoutée pour l’actionnaire, de compétition, de rareté des ressources, “si on n’avance pas on meurt”, “si on n’avance pas on recule”, de croissance infinie, toutes ces histoires-là, elles créent une plateforme pour faire souffrir les êtres humains, voire pour les éliminer à un moment ou à un autre. Une plateforme pour privilégier les résultats financiers, la performance financière sur les communautés de travail qui produisent cette performance financière. Même si on fait très très attention, on se retrouve tout le temps à marcher sur un fil, le cul entre deux chaises, mais deux chaises vachement rapprochées et relier par un fil (ça c’est de la concaténation de plusieurs métaphores).

Cérémonie définitionnelle

Barbara Myerhoff a mis en relief plusieurs choses importantes : l’aspect culturel et social de l’approche narrative, notamment la tradition de donner la voix à des voix minoritaires ou des communautés minoritaires, mais aussi la tradition de trouver un rituel qui s’appelle la cérémonie définitionnelle, un rituel proposé à des communautés et des groupes pour les aider à trouver du sens, les aider à trouver et honorer des valeurs communes qui les unissent face à des situations difficiles. La cérémonie définitionnelle est une pratique que l’approche narrative apporte à des communautés et des groupes, qui permet de connecter les racines culturelles, anthropologiques. La cérémonie définitionnelle apporte un contenant, un forum, un rassemblement, dans lequel peut circuler des échanges pour partager sur ce que les personnes ont en commun, ce qui les relient, leurs actes de résistance qui en disent long sur ce qui est important pour elles, des choses qu’elles font et qui disent qu’elles ne sont pas des victimes mais des acteurs,…, autour d’une affirmation, d’une identité commune, souvent pour des groupes qui se sentent invisibles ou en danger. Michael White cite la cérémonie définitionnelle comme le concept le plus puissant, qui permet de proclamer des choses, car pour qu’une histoire soit vivante, vivace, et puissante, elle doit non seulement être racontée, mais aussi entendue par un public vaste.

Documentation

L’intention de documenter avec les mots de la personne est qu’elle puisse retrouver ce qu’elle a dit, c’est d’ancrer les avancées, de montrer à la personne que l’on a sorti quelques petites pépites, on les a mises là, on les a étoffées, et si par exemple elle repart avec, elle peut les relire dans des moments où elle doute un peu, donc quelque chose pour s’accrocher aux histoires préférées, le praticien narratif cherche plein de moyens pour que la personne s’y accroche, et la documentation en fait partie. Un deuxième avantage sur la documentation est qu’elle change la relation de la personne avec son histoire. Quand je vous raconte, quand je parle, je suis narrateur, en tant que narrateur j’ai une certaine relation avec l’histoire que je raconte, c’est ma relation de narrateur. Lorsque le praticien narratif note mes mots, et me les restitue avec poésie et avec respect, c’est comme s’il me tendait respectueusement un miroir, et le fait d’entendre ce texte qu’il a écrit, dans sa voix, ça change totalement la relation avec mon texte dont je suis l’auteur, dont j’ai été le narrateur. Le fait de reconsidérer mon texte, venant du praticien et ayant été filtré, reconditionné et renégocié par sa subjectivité, je renoue, je refais connaissance avec mon texte, donc avec mon identité (puisque la métaphore de base des pratiques narratives c’est que l’identité fonctionne comme une texte), je me réapproprie mon texte, donc mon identité.

Le praticien narratif n’est pas concentré sur la documentation, il est concentré sur la personne et sur les mots-lumières, et il laisse couler les mots-lumières le long de son bras jusqu’à son stylo. Pierre B-S.

Poésie

La poésie a l’avantage d’être beaucoup plus précise que le langage usuel pour retranscrire, retraduire des réalités expérientielles. L’avantage de la poésie c’est la précision. Nous on prend des notes comme des poètes, pas comme des thérapeutes.

Théâtre

L’avenir de la narrative est peut-être du côté du théâtre. David Epston est en train d’expérimenter, en ce moment, la façon dont une personne peut donner une performance de la vie d’une autre personne, et les effets que la performance de sa vie a sur la personne qui est le sujet de la pièce. David a travaillé sur une pièce de théâtre d’Eugenio Barba, une mise en scène de la vie d’une anthropologue, et le fait de se voir sur scène a provoqué chez elle certaines réactions et reconstructions de son identité. David explore ça à travers la notion de Insider Witness (cf. wiki), il appelle ça les pratiques narratives performatives, un des avenirs possibles de la narrative.

Published inBlogConférence

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