(9h50) J’attends le détenu dans un parloir de deux mètres carrés.
Impuissant, je dessine le plan de cette pièce en forme de couloir.
Je sursaute aux aboiements des talkies en mouvement.
J’entends des rires d’enfants dans toutes les langues.
Les échos et les éclats traversent le reflet des vitres.
Les murmures parviennent à glisser entre des cloisons sans vie.
(10h25) Ca y est, il entre dans la boîte à humains en boitant.
Moi visiteur intermittent, lui détenu à plein temps.
Assis à côté d’une table inutile dans cet espace qui mutile.
Nous échangeons nos premiers regards à moitié gênés.
Les mots apparaissent naturellement.
Les murs disparaissent temporairement.
(11h20) Le règlement nous interrompt avec un surveillant tatillon.
La pièce reprend d’un coup sa taille et rétrécit toute dignité sans sursis.
Je serre une main qui disparaît sans se retourner.
La promesse de se revoir devient futile dans ce lieu de fiction.